Autor(es):
Álvares, Cristina
Data: 2005
Identificador Persistente: http://hdl.handle.net/1822/12228
Origem: RepositóriUM - Universidade do Minho
Assunto(s): Pulsão; Narrativa
Descrição
Palestra realizada no Department of French Studies, Louisiana State University, Baton Rouge, USA (2005). Le sujet de cet essai est la problématique du rapport entre pulsion et
signification. Replacé dans un contexte plus vaste, celui qui engage le corporel et le
mental, le rapport entre pulsion et signification est ici abordé selon les perspectives de la
psychanalyse et de la sémiotique.
Ce que Freud appelle Trieb est un concept qui occupe une place fondamentale
dans le projet psychanalytique qui cherche à établir la raison et la rationalité du sexuel.
Le pari de la psychanalyse est que les conflits pulsionnels à l’oeuvre dans l’inconscient
ont une signification qu’il importe de mettre au clair. Quant à la sémiotique, une de ses
questions principales est de savoir si les processus sémiotiques ont une base
pulsionnelle. Cela va sans dire, la transposition du concept de pulsion de la
psychanalyse à la sémiotique entraîne des problèmes épistémologiques et théoriques
peut-être insolubles mais sa productivité se manifeste dans l’hypothèse ou le postulat
des racines métapsychologiques de l’activité narrative. Cette hypothèse est susceptible
d’ouvrir des voies théoriquement intéressantes pour les études littéraires. Mon
hypothèse consiste à faire passer le concept lacanien de lettre dans la sémiotique
narrative de façon à rendre compte de la spécificité de la narrativité littéraire.
Cet essai s’organise en une partie psychanalytique et une partie sémiotique et se
divise en trois parties correspondantes aux trois auteurs qui ont théorisé le concept de
pulsion: Sigmund Freud (1.,2.), Jacques Lacan (3.-10.) et Jean Petitot (11.). Si la partie
consacrée à Jacques Lacan est plus longue que les autres, c’est qu’il a fallu décrire les
glissements de sa pensée qui encadrent le traitement de la pulsion. J’y ai décelé quatre
moments auxquels j’ai donné des noms qui sont autant de variations sur le motif du
schéma optique superposé à celui du vase comme contour du vide. Il fallait suivre les
réévaluations subies par la pulsion notamment en ce qui concerne son rapport au
symbolique, sur une ligne qui ne change jamais : la pulsion n’est pas l’instinct; il fallait
aussi mesurer l’écart de ces réévaluations par rapport à la métapsychologie freudienne et
tracer le cadre théorique et conceptuel qui explique pourquoi la redéfinition de la
sémantique profonde par Petitot aboutit à une impasse.
Il s’agit de penser la pulsion au sein de dispositifs de production du sens ou
structures élémentaires de la signification: le refoulement - dont l’Oedipe -, le Nom du
Père, le signifiant phallique, le fantasme et, en sémiotique, le parcours génératif et le
carré sémiotique. Quelle est la fonction de la pulsion dans ces dispositifs structuraux,
dans ces logoi?; comment agissent-ils sur elle ? Voilà des questions que cet ouvrage
essaie d’aborder.
L’approche n’est pas linéaire étant donné que la conceptualisation freudienne de
la pulsion la pose comme simultanément apte et résistante à la signification. Lacan
hérite de cette antinomie et sa théorie de la pulsion considère non seulement que celle-ci
constitue un champ de l’inconscient disjoint du champ de l’Autre – la combinatoire
signifiante – mais aussi qu’il y a un reste de la pulsion qui n’est pas drainé par les
dispositifs phalliques de production de signification et y objecte sous les formes de la
jouissance féminine et de la lettre. Chez Petitot la pulsion perd la dimension rébarbative,
qui est en fait sa dimension sexuelle, et, une fois assimilée à l’archétype, rentre dans le
domaine de l’imaginaire bio-anthropologique.
Lacan fait une lecture structuraliste de Freud, Petitot fait une lecture
structuraliste de Freud et de Lacan. L’enjeu de ces lectures est biologique car, devant
l’aporie biologique de l’oeuvre freudienne, Lacan et Petitot doivent expliquer quel est le
rapport entre structure et vie. Lacan dénonce le mythe libidinal (la libido n’est pas une
substance) et arrache la pulsion à l’organique pour la loger dans la structure du langage; radicalement distincte de l’instinct, la pulsion témoigne de l’action creusante de la
transcendance du signifiant sur la vie. Quant à Petitot, il (re)place la pulsion dans le
flux de la vie tout en gardant sa différence par rapport à l’instinct, ce qui entraîne
l’impasse de l’imaginaire comme chair. Que ce soit sous la forme de l’incompatibilité
ou de la réconciliation, il semble que le structuralisme ne s’entende pas bien avec la vie.